La Tour de Montlhéry, phare de l’Essonne

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Le premier château, réalisé au Xe siècle sur l’initiative de Thibaud, premier comte de Montlhéry, était vraisemblablement un château à motte qui se situait à quelques mètres au nord-est de l’emplacement du château actuel. Ce château était sans doute composé d’une seule tour de bois, protégée d’un mur d’enceinte, le tout posé sur une motte, elle-même défendue par une palissade et un fossé. Cependant, seules des fouilles archéologiques pourraient confirmer ou infirmer l’hypothèse de la présence à cet endroit d’un château à motte.

Le premier château de pierre peut être attribué à Guy Ier, fils de Thibaud, qui le bâtit à l’emplacement actuel. Sa position stratégique, sur la route de Paris à Orléans, en fait un enjeu capital et le place au carrefour de toutes les convoitises. Au début du XIIe siècle, à la suite de nombreux déboires avec les seigneurs de Montlhéry, Louis VI ordonne la destruction du château qui lui avait causé tant de soucis, mais il épargne la tour. Il rattache le domaine à la couronne en 1118 en confiant à un châtelain (ou prévôt) son administration.

L’histoire de l’architecture attribue à Philippe Auguste la paternité de la reconstruction du château au début du XIIIe siècle.

A la suite des dommages causés par les nombreux sièges de la guerre de Cent ans, une seconde campagne de transformation intervient à la fin du XIVe siècle. Les travaux sont réalisés par Olivier de Clisson, la tour maîtresse est aménagée avec notamment la construction de grandes cheminées et de latrines.

La guerre entre Armagnacs et Bourguignons qui se déroule durant le XVe siècle ne ménage pas le château et achève sa destruction. Sous François Ier, il sert de carrière pour les fortifications de la ville. En 1529, ce qui reste du château est cédé à un seigneur engagiste. Un procès verbal de 1547 décrit le château comme étant en ruine.

Ce qui reste de l’ancien château féodal a été classé à l’Inventaire des Monuments Historiques par liste de 1840 et appartient à l’Etat. En 1842, l’administration des Domaines a pris possession des ruines du château. Les pierres qui faisaient défaut sous la portée des architraves seront remplacées par des massifs en briques, l’énorme brèche ne pouvant rester sans consolidation. L’utilisation des briques est justifiée par le fait qu’elles laissent la possibilité d’une modification, elles n’ont pas de caractère irrémédiable et définitif. Elles sont juste la marque des mesures de conservation adoptées à une époque.

En 1847, une passerelle est établie au premier étage pour mettre en communication les deux escaliers, celui de gauche et celui de la grande tourelle. Puis la Tour connaît des réfections diverses au cours du XXe siècle : maçonneries, rejointoiements... qui ne suffisent cependant pas à assurer la sécurité des visiteurs. C’est la raison pour, laquelle, en 1982, monsieur Mariage, architecte des Bâtiments de France, demande la fermeture temporaire de la Tour au public. Celle-ci sera rouverte en 1983, après une campagne de travaux qui permit d’intervenir sur les parties les plus dangereuses du donjon.

La Tour est fermée depuis 1992, de nombreux projets de travaux ont été mis à l’étude, puis abandonnés. La situation a pourtant évoluée depuis quelques années grâce à la volonté de certains amoureux de la Tour, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de la 4e circonscription de l’Essonne, François Marzorati, sous-préfet de Palaiseau, Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie entre 2002 et 2004, Dominique Larpin, architecte des Bâtiments de France, le service de l’architecture et du patrimoine de l’Essonne, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, la municipalité et les associations qui se sont mobilisés pour faire avancer un projet d’envergure pour sa restauration et sa mise en valeur.

Ainsi, les travaux ont commencé depuis le mois d’octobre 2000. Il s’agit entre autre de déposer les massifs de briques et de les remplacer par des blocs de grès afin de redonner à la Tour son aspect originel et d’aménager le sommet de l’édifice pour qu’il puisse accueillir des visiteurs en toute sécurité. Ces ouvrages terminés permettront la réouverture au public du " Phare de l’Essonne ", resté en veilleuse beaucoup trop longtemps. Une fois de plus, le château renaîtra de ses ruines et accueillera, pour de longues années encore, de nombreuses générations de passionnés ou de simples curieux, qui auront plaisir à monter jusqu’au sommet pour admirer le panorama, à moins qu’ils ne préfèrent flâner dans son parc arboré.

La tour un site d’expériences scientifiques. Pierre Gassendi (1592-1655), philosophe, savant et mathématicien français, il étudie la transmission du son entre les tours de l’observatoire de Paris et la tour de Montlhéry.
Claude Chappe (1763-1805) invente le télégraphe optique, ce télégraphe est composé d’un ingénieux système d’axes, de barres en bois et d’indicateurs qui peut prendre plus d’une centaine de positions différentes. Ainsi, un observateur lointain peut décrypter un message. En 1794, la construction d’une ligne entre Paris et Lille est ordonnée. Claude Chappe, nommé ingénieur télégraphe, inaugure la ligne le 19 juillet 1794. Le procédé est ensuite étendu à l’ensemble du territoire...Montlhéry et ses hauteurs sont un lieu privilégié d’essais et de fonctionnement de ce télégraphe. Seule la découverte par Morse du télégraphe électrique sonne la fin de cette géniale invention, 45 ans plus tard.

Marie-Alfred Cornu (1841-1902) Docteur es-sciences, devient professeur de Physique à l’École des mines en 1867. A partir de 1872, il effectue des recherches importantes sur la vitesse de la lumière. En 1874, il se sert du donjon de la tour de Montlhéry pour calculer la vitesse de la lumière entre le donjon et l’observatoire de Paris, distant de 23 kms. Il arrive au résultat de 300 400 km /seconde, qui est à rapprocher des 299 793 km/seconde déterminés par les méthodes modernes.          Merci au site : http://www.ville-montlhery.fr/